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Déclaration liminaire FCPE de la Seine-Saint-Denis du 24 novembre 2020

Monsieur le DASEN, Madame la Préfète,

Mesdames et Messieurs les membres du CDEN de la Seine-Saint-Denis,

Depuis que nous nous sommes réunis pour la dernière fois, nous, parents d’élèves, sommes toujours autant inquiets pour la jeunesse de notre département, de notre pays.

La crise sanitaire s’inscrit dans la durée, les élèves affrontent des conditions d’enseignement chaotiques, l’inquiétude des lycéens est grande quant aux conditions dans lesquelles ils pourront passer les épreuves du baccalauréat. Dans le même temps, ils doivent affronter une autre épreuve, celle de leur orientation.

Jusqu’à maintenant, les tutelles ministérielles ont été bien silencieuses quant à l’adaptation de l’accompagnement à l’orientation à la situation sanitaire.

D’après les textes en vigueur, les lycées sont censés bénéficier, à titre indicatif, de 54 heures annuelles d’accompagnement à l’orientation transformées bien souvent en « aide personnalisé » pour maintenir plutôt que renforcer. Déjà qu’en temps normal rares sont les lycéens qui en bénéficient pleinement, la situation actuelle cristallise encore davantage les inquiétudes. Dans deux mois, les candidats devront créer leur dossier sur la plateforme Parcoursup, il y a donc urgence à donner le droit à tous les candidats de recevoir un accompagnement à l’orientation à la hauteur des enjeux. Nous vous rappelons que la session 2020 de Parcoursup a révélé une accentuation des dysfonctionnements. Les résultats de l’enquête d’opinion commandée par le Ministère de l’enseignement supérieur à l’Institut Ipsos en septembre sont édifiants. 1/3 des lycéens qui avaient été accompagnés pour l’inscription, la formulation et la confirmation des voeux, n’ont ensuite plus bénéficié d’un accompagnement à distance pendant la fermeture des lycées en raison de la crise sanitaire ; 2/3 de ceux qui n’avaient pas été accompagnés pour leurs vœux lorsque leur lycée était ouvert n’ont également pas été soutenus pour la confirmation lorsque leur lycée était fermé.

Les candidats de la session 2021 seront-ils sacrifiés comme ceux de la session 2020?

Il appartient aux tutelles ministérielles d’en décider. Malgré les alertes de la FCPE et d’autres depuis sa première année, le fonctionnement de l’accès à l’enseignement via Parcoursup est toujours autant problématique.

En 2021 aussi le gouvernement fera-t-il encore le choix de sélectionner les élèves à l’entrée des universités plutôt que d’investir pour accueillir tous les candidats qui le souhaitent ? Les candidats seront-ils toujours discriminés par la mention de leur lycée d’origine dans leur dossier de candidature ? 17, 18, 19 ou 20 ans et l’injonction de la débrouille comme boussole, le stress de ne pas “pouvoir faire”, ne pas pouvoir étudier, construire son avenir. Et cela sans ajouter la hausse des frais d’inscription, des logements universitaires, de la mobilité… Est-ce le projet de société présenté par celles et ceux qui ont les pleins pouvoirs pour imaginer leur futur ?

Nous ne pouvons accepter que des jeunes, et parmi eux de jeunes adultes se retrouvent sans aucune projection de ce que serait leur avenir, leur choix d’être un citoyen acteur dans la société. En cette période de crise sanitaire où les offres d’emplois étudiants se font rares, le droit de chacun à la réussite suppose plus que jamais que des aides sociales suffisantes soient attribuées à ceux qui ne disposent pas des conditions matérielles leur permettant d’étudier dans de bonnes conditions.

De bonnes conditions commencent par donner aux élèves dès la petite section, l’enseignement que prévoit l’école de la République. Notamment pour les élèves de classes à examen, certains n’ont pas encore eu la moindre heure d’enseignement dans les matières dont l’examen aura lieu en mars…

Les heures de cours perdues sont un fléau sociétal à l’effet imperceptible, progressif et déstructurant pour l’ensemble de l’écosystème scolaire, notre estimation sur le niveau de collège est de 2 à 3 professeurs manquants par année.

Le rectorat de Créteil nous informe qu’il peut embaucher 350 professeurs de plus dans le 1er degré et 150 dans le 2nd degré.

Dans quelle proportion ce revirement en fin de 1er trimestre de la reprise post confinement va-t-il résoudre le problème chronique et structurel des heures de cours perdues en Seine-Saint-Denis ?

Nous vous remercions de votre attention.