Discours de la FCPE 93 devant la DSDEN 93 : Non à la suppression des postes d’infirmières scolaires !
Aujourd’hui, nous sommes réunis pour dénoncer une décision inacceptable : la suppression de postes et de demi-postes d’infirmières scolaires à la rentrée prochaine. Cette attaque contre la santé de nos enfants est une trahison des engagements les plus fondamentaux de l’État.
Cela fait des années que nous, FCPE93, première fédération de parents d’élèves de Seine-Saint-Denis, alertons sur le manque de moyens humains et financiers dans nos écoles, que ce soit les enseignants, les AESH, les médecins, les psychologues, les AED et les infirmières. Faut-il encore rappeler que pour de nombreux enfants, l’infirmerie est le seul accès à des soins ? Faut-il encore répéter que la santé et la réussite scolaire sont indissociables ? Supprimer des postes dans un secteur déjà en souffrance, c’est organiser l’abandon de nos enfants !
En décembre 2023, nous avions lancé la FCPE93 une pétition en faveur des infirmières scolaires qui avait recueilli plus de 1590 signatures. À chaque rendez-vous chez la rectrice nous faisons des alertes sur les manques d’infirmières dans des établissements où il y a des besoins criants. Force est de constater que nous ne sommes pas entendus. Cette surdité institutionnelle est un mépris inacceptable envers nos enfants et les personnels éducatifs. Car sans infirmière scolaire, il n’y a plus de prévention, plus d’accompagnement des élèves en difficulté, plus d’écoute pour les victimes de harcèlement ou en détresse psychologique.
Quand 15 % des lycéens sont en risque de dépression, quand un tiers des filles et un cinquième des garçons ont eu des pensées suicidaires, peut-on décemment réduire encore les effectifs des professionnels de santé dans les établissements ?
En Seine-Saint-Denis, un des départements les plus pauvres du pays, les chiffres sont accablants : en moyenne, une infirmière pour 2000 élèves. Les témoignages que nous recevons de nos adhérents le sont tout autant. Les enfants malades sont contraints de rester dans des lieux impropres à leur réconfort. Les parents, par exemple, reviennent chercher leurs enfants dans des bureaux de la vie scolaire, sur des chaises, faute d’infirmière présente et d’infirmeries ouvertes permettant de s’allonger. Le manque de moyens entraîne une grande difficulté à repérer les signes de mal-être, de pathologies, et de troubles qui pourraient pourtant être pris en charge à temps alors qu’on est déjà dans un département que les rapports parlementaires ont évalué comme le plus grand désert médical de France hexagonale.
Aujourd’hui, dans certains collèges, on enregistre plus de 400 passages dans les infirmeries par trimestre. Ce ne sont pas seulement des petits bobos ; ces visites témoignent d’une anxiété de plus en plus marquée chez nos adolescents. Ils viennent chercher dans l’infirmerie un espace d’écoute, un soutien psychologique que malheureusement, nous ne pouvons plus leur garantir dans ces conditions. Des situations de mal-être passent inaperçues, faute de ce personnel de santé pour les repérer. Des élèves en situation de handicap ou avec des besoins particuliers ne sont pas suivis suffisamment avec des PAI non réalisés, une absence de PAP.
Laisser cette situation perdurer, c’est condamner nos enfants à subir un système qui les maltraite.
Que dire de la prévention, de l’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité, qui ne peuvent être réalisées par ces professionnelles faute de temps ? De leur rôle de repérage de faits graves relevant de la protection de l’enfance qui est difficile avec autant d’élèves ? Que dire des bilans de santé prévus pour les élèves de 12 ans, qui sont rares ? Et des élèves de lycée professionnel qui attendent toujours des visites médicales ou qui sont confrontés à des accidents sur des machines avec zéro personnel de santé dans l’établissement au moment où cela arrive. Tout cela est une réalité qui ne cesse de s’aggraver pour nos enfants.
Le rectorat invoque des difficultés de recrutement, mais refuse d’améliorer les conditions de travail et de revaloriser ces postes essentiels. C’est un choix politique, et nous le refusons. Selon l’article 24 de la Convention internationale des droits de l’enfant, chaque enfant a droit à une santé optimale et à des soins médicaux de qualité. L’État doit respecter cet engagement.
Nous ne voulons pas de redéploiements, nous voulons des créations et des maintiens de postes à temps plein et un salaire pour ces professionnels qui permet de les attirer vers l’Éducation Nationale plutôt que vers d’autres secteurs d’emplois plus rémunérateurs.
Nous refusons cette logique comptable qui sacrifie la santé de nos enfants. Nous exigeons que l’Éducation nationale prenne ses responsabilités et nous continuerons à nous mobiliser, à revendiquer. Nos enfants méritent mieux que des discours. Ils ont droit à des actes concrets.
Bobigny, le 5 mars 2025