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Discours de la FCPE93 devant le Ministère de l’Education Nationale, le 11 juin 2025

Nous sommes rassemblés aujourd’hui devant le Ministère de l’Éducation nationale, aux côtés du Comité national de liaison des écoles et établissements mobilisés, parce que nous refusons de rester les témoins impuissants du démantèlement de l’école publique.

Ce que nous dénonçons ici n’est pas une série de difficultés isolées. C’est une politique nationale cohérente, mais destructrice — une politique de renoncement, de casse méthodique du service public d’éducation.

Ce matin, les délégations, membres du comité national de liaison, venues de toute la France se sont réunies en présentiel à la Bourse du travail, pour dégager des constats et des pistes communes d’actions après s’être mobilisées les 15 mars et 2 avril devant ce même lieu.

Partout, d’un territoire à l’autre, les constats sont identiques, alarmants :

Des classes supprimées. Rien que dans notre département, la Seine-Saint-Denis, 105 classes disparaîtront à la rentrée 2025. Hier, nous étions rassemblés devant la DSDEN93. Nous avons eu une audience avec la DASEN et elle a annoncé lors de cette audience que ces suppressions de classe continueraient aussi l’année 2026 car c’est le seul moyen qu’elle a trouvé pour abonder la brigade de remplaçants.

Des absences non remplacées qui s’accumulent, au point et ce constat dramatique, on le martèle depuis des années, qu’un élève du 93 perd en moyenne un an de cours sur toute sa scolarité.

Des métiers de l’éducation désertés parce qu’ils ne sont plus attractifs.

Des écoles, collèges, lycées, sans médecin, sans infirmière, sans psychologue scolaire, alors même que les besoins explosent. Et l’actualité dramatique d’hier dans le département de la Haute-Marne nous le rappelle encore une fois. De notre côté, en Seine-Saint-Denis, on va perdre 12 postes d’infirmières à la rentrée 2025.

Et tout cela, dans un contexte où les inégalités s’aggravent, où les élèves les plus fragiles décrochent scolairement.

Nous avons demandé à être reçus cet après-midi en audience avec les syndicats. Mais nous n’avons eu aucune réponse du Ministère. Ce silence, cette non-réponse, nous le vivons comme un mépris. Alors permettez-nous, Madame la Ministre, que nous nous adressons,

FCPE 93, directement à vous :

Ce que nous vivons n’est pas une pénurie. Ce n’est pas un simple « défi d’attractivité ». Ce sont vos choix politiques. Ce sont vos décisions budgétaires.

Quand vous supprimez un poste, ce n’est pas une ligne budgétaire que vous effacez. C’est une classe laissée des semaines sans enseignant. C’est un enfant qui se démotive, qui décroche dans son travail scolaire. Une famille en colère et inquiète du destin scolaire de son enfant et un personnel épuisé de devoir gérer le climat scolaire que ça crée.Quand il n’y a plus d’infirmières scolaires, de médecins scolaires, de psy-EN, d’assistantes sociales, d’AESH ce sont des élèves qui ne trouvent plus ni écoute, ni aide, ni orientation. Ce sont des souffrances ignorées.

Quand une classe est surchargée, ce sont les apprentissages qui sont fragilisés, les relations humaines qui se tendent, la santé physique et mentale qui en pâtit autant du côté des élèves que des enseignants.

Et dans le même temps, le 14 mai 2025, vous nous annoncez vouloir améliorer la santé et le bien-être à l’école, en mettant l’accent sur une meilleure prise en charge de la souffrance psychique des élèves.

Mais vos actes contredisent vos mots.

Ce que nous voulons vous dire que c’est que nos enfants ne sont pas des colonnes Excel. Nos enseignants, nos AESH, nos AED, nos personnels de santé scolaire ne sont pas des variables d’ajustement.

Aujourd’hui, nous avons choisi de venir ensemble, unis, pour dire d’une seule voix : nous ne voulons pas d’une gestion de crise permanente et d’une école gérée comme une entreprise.

La proposition du Comité national de liaison de rassembler toutes les luttes nous semble essentielle. Car nous ne voulons plus être des départements sous-dotés mis en concurrence, chacun se battant isolément pour sauver ses quelques postes.

Nous l’avons vu, en Seine-Saint-Denis, après des mois de mobilisation en 2024 pour un plan d’urgence 93 avec les syndicats, les élus, les parents : la colère locale ne suffit plus.

Alors oui, franchir les frontières de nos départements, et converger dans nos revendications, c’est affirmer que la somme de toutes ces colères peut, doit, peser politiquement.

Ce que nous attendons de vous, Madame la Ministre, ce n’est pas un discours. Ce n’est pas un effet d’annonce. Ce que nous exigeons, c’est un engagement clair, massif, chiffré, pour redonner à l’école publique les moyens de sa mission.

Nous ne resterons pas silencieux face à la désintégration programmée de l’éducation nationale.

Parce que l’École de la République n’est pas une dépense. C’est l’investissement le plus précieux que notre pays peut faire : dans ses enfants, dans son avenir.

Contact presse : 06 58 56 16 54 et Alixe Rivière porte-parole 06 70 29 89 53.