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Discours de la FCPE93 devant la DSDEN93 Mardi 10 juin 17h50

Nous venons de rencontrer en audience à 16h45 la DASEN pour lui remettre, en mains propres, notre pétition, signée à ce jour par plus de 2000 personnes. Ce n’est pas un simple morceau de papier, c’est le témoignage vivant d’une colère, d’une exaspération, d’un ras-le-bol général. Nous avons exposé nos revendications, mais aussi la réalité du terrain, celle que vivent nos enfants, les enseignants, les personnels de santé scolaire dans notre département.

Si nous avons appelé à un rassemblement ici, c’est pour dire à la direction académique qu’à la rentrée 2025, nous refusons les 105 suppressions de classes annoncées, les 12 postes d’infirmières scolaires rayés d’un trait de plume, sous le terme bien lisse de “redéploiement” et la pénurie chronique de professeurs, qui empêche les remplacements, provoquant des ruptures de cours et plus d’un an de scolarité qui s’envole pour nos enfants sur l’ensemble de leur parcours.

Quand on dénonce ces chiffres, on nous dit : ce n’est pas une question de moyens, c’est une question d’attractivité. “Ils ne viennent pas”. On nous répond qu’on va supprimer des classes pour « libérer » des enseignants. Qu’on pourrait arrêter aussi les dédoublements de classe et revoir le taux de décharge des directeurs pour avoir plus d’enseignants. On a le sentiment que la DASEN et le recteur bricolent avec ce qu’il leur reste et vont chercher dans les fonds de tiroir. Elle a par ailleurs annoncé lors de cette audience que ces suppressions de classe continueraient aussi l’année 2026 car c’est le moyen qu’elle a trouvé pour abonder la brigade de remplaçants.

On nous dit que ça pourrait être pire, on nous brandit dans certaines villes de notre département des taux de remplacement dans le premier degré à 80 %, mais derrière ce chiffre, il y a une autre vérité : le plus souvent une classe avec six à huit remplaçants différents sur quelques semaines, sans aucune continuité pédagogique, sans stabilité pour les enfants. Et on ose appeler ça une solution ?

On nous parle de santé mentale, de bien-être à l’école. Mais comment ose-t-on employer ces mots quand nos enfants voient défiler des adultes différents, sans pouvoir s’ancrer, se sentir en sécurité ? Comment parler de bien-être quand les services médico-sociaux, les psyEN, les infirmières, les médecins scolaires, sont tous en sous-effectifs ou dans certains établissements ou villes il n’y en a pas?

Et au final, qui paie le prix de cette politique ? Les enfants. C’est eux qu’on laisse de côté, ceux qu’on sacrifie sur l’autel de la rigueur budgétaire. Mais ils ne sont pas les seuls. Les enseignants, les personnels, vivent une dégradation massive de leurs conditions de travail. Et nous, parents, nous nous retrouvons pris dans cette tension permanente, cette frustration, ce sentiment d’abandon. Et souvent, cette colère retombe sur les premiers interlocuteurs — les professeurs, les chefs d’établissement — alors qu’ils ne sont pas les décideurs. Ils subissent comme nous. 

Ce que nous vivons n’est pas une crise passagère. Ce n’est pas un accident. C’est une crise structurelle, profonde, installée. Elle touche au cœur même de l’école publique. Et pourtant, les besoins, eux, ne diminuent pas. Ils augmentent. Les inégalités scolaires se creusent. Et ce n’est pas en supprimant des classes qu’on les combattra. Ce n’est pas en asséchant les moyens qu’on donnera de l’égalité des chances.

Ce que nous voyons, c’est une volonté claire de démanteler le service public d’éducation. Sous couvert de rigueur budgétaire, on fait des choix politiques. Des choix de renoncement. Et à chaque audience, on nous répète la même chose : “je fais avec la ligne budgétaire qu’on m’a donnée”. “Je ne fais qu’appliquer ce qu’on m’a demandé de faire”.

A force d’entendre ce discours, on s’est dit, la FCPE 93 que c’est là-haut au Ministère qu’il faut aller chercher des comptes. Parce que ces décisions, ce sont elles qui hypothèquent l’avenir de nos enfants.

C’est pourquoi nous avons décidé de ne plus rester seuls, isolés, enfermés dans les frontières de nos départements. Parce que cette casse, elle est nationale. Parce qu’on l’a bien compris, on ne nous écoutera que si nous parlons d’une seule voix. Si le plan d’urgence 93 est toujours d’actualité et on clamera haut et fort que la Seine-Saint-Denis a des besoins massifs, on a le

sentiment que si on reste dans notre coin atomisé, ça arrangera bien la Ministre de l’Éducation nationale.

Alors demain, nous rejoignons devant le Ministère à 14h30 un collectif qui s’appelle comité national de liaison des écoles et des établissements mobilisés depuis plusieurs mois contre les suppressions de classe et de postes qui rassemblent syndicats, associations de parents d’élèves, élus de toute la France pour nous faire entendre d’une seule voix notre refus d’une école gérée

comme une entreprise. Parce que l’école n’est pas une variable d’ajustement. Parce que nos enfants ne sont pas des lignes comptables. Nous refusons de leur faire accepter une société inégalitaire et une éducation à plusieurs vitesses.

Contact presse : 06 58 56 16 54 et Alixe Rivière porte-parole 06 70 29 89 53.