Pour les enfants, Monsieur le Président, suivez le bon rythme !
Pour les enfants, Monsieur le Président, suivez le bon rythme !
Le 8 juin 2017, le Conseil supérieur de l’éducation a examiné un décret proposé par Monsieur le ministre de l’Education nationale pour permettre aux maires de revenir à la semaine scolaire de 4 jours. Ce rythme est pourtant contraire à la chronobiologie des enfants et ne les place pas dans les meilleures dispositions pour assimiler les apprentissages. Maintenir les 5 matinées d’enseignement s’avère donc indispensable pour une meilleure réussite scolaire. Mais pour cela, le gouvernement doit prendre les dispositions financières nécessaires pour soutenir les maires qui jouent le jeu des 4,5 jours d’école. Il en va de la modernisation de l’Ecole publique à l’heure de l’accès universel aux savoirs et aux méthodes coopératives que permet la révolution numérique.
La réforme des « rythmes scolaires » ne se résume pas à la régulation du temps scolaire. C’est aussi la prise en compte des transformations de notre société et du rapport au temps induit par la révolution numérique. Après la révolution industrielle, la révolution numérique transforme profondément la relation au travail et, avec elle, le rapport à l’Ecole. Les accès aux connaissances et aux différentes pratiques pédagogiques rompent le monopolitisme éducatif et invitent à interroger continuellement les pratiques éducatives de celles et ceux qui interviennent auprès des enfants.
De nombreux maires savent cela et, pour engager cette nécessaire évolution civilisationnelle, ils ont entrepris la mise en œuvre d’un temps périscolaire qui permet l’accès à des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être modernisés, en participant à la construction de l’enfant sans pour autant faire de l’école après l’école.Les temps changent, et en 2017, celles et ceux qui s’intéressent aux rythmes des enfants disposent de nombreuses études scientifiques démontrant que le retour à la semaine des 4 jours serait néfaste. Les 5 matinées d’école ne sont pas une lubie, elles sont une garantie supplémentaire que le temps scolaire est établi de façon à favoriser la réussite scolaire. Tout de même, n’est-ce pas une drôle d’idée que de vouloir revenir à des temps d’enseignement où les élèves sont les moins réceptifs ? N’est-ce pas contre-productif que de vouloir supprimer d’autres formes de transmissions de savoirs ?
Nous ne sommes pas dupes et les maires ont raison d’évoquer le coût de la réforme des rythmes scolaires pour leur commune. Mais la réforme des rythmes ne doit pas servir de prétexte pour protester contre les répercussions budgétaires des lois de décentralisation et des nouvelles règles de dotations de l’État. Elle ne doit pas être seulement évaluée à l’aune de son coût, mais aussi de son apport notamment dans la lutte contre l’échec scolaire. Une réforme utile doit être conservée, améliorée, même si elle coûte cher, parce qu’il s’agit d’argent utilement investi.
La priorité doit être d’encourager les maires qui jouent le jeu. Le nouveau gouvernement doit accompagner ces élus de proximité en prenant en charge ce coût à l’euro-l’euro, dès lors qu’ils respectent les engagements pédagogiques et éducatifs reconnus par les services de l’État. C’est cela tenir compte de la proximité : faire des dotations de l’État un outil financier de liberté pour le progrès et non pour structurer les inégalités territoriales en permettant aux seules communes qui en ont les moyens de faire évoluer une attention éducative ancrée dans le monde tel qu’il est.
Plutôt que de revenir aux cadences inutiles pour nos enfants, faisons le pari de l’avenir. Engageons notre pays dans le maintien des 4,5 jours d’enseignement et finançons de façon pérenne les activités périscolaires pour les communes qui ont à cœur de démocratiser les savoirs. En tant que responsables politique et associatif de banlieue, nous voyons bien que, pour des milliers d’enfants, la réforme des rythmes scolaires aura permis, par exemple, des initiations aux activités artistiques quand les conservatoires manquent de place ou quand des associations pratiquent des tarifs inaccessibles.
Mettre « l’Education en marche » ce n’est pas en finir avec la modernisation des rythmes scolaires. Il s’agit au contraire de généraliser ce qui fonctionne, d’innover pour remettre les enfants au cœur de l’Ecole en gardant un œil sur ce qui se fait aussi ailleurs sur la planète. L’enjeu consiste à s’adapter au terrain pour permettre les innovations, et non pas de revenir en arrière. La France est dans un monde qui bouge, nous la ferons avancer en encourageant la mutualisation des expériences innovantes et en particulier celles qui ont su recréer du lien de proximité entre des acteurs soucieux d’encourager la co-éducation.